L’artiste peintre André Spitz (1883-1977) reste un artiste relativement méconnu dans le domaine de la philatélie, alors même que son activité artistique a été beaucoup plus large que celle liée aux timbres-poste.
Alors même que le dernier numéro de la revue de la Société des Amis du Musée de La Poste, « Relais », lui consacre un article sur ses maquettes de timbres pour Monaco, je vous propose donc d’aller à la découverte de ce dessinateur de talent, qui aimait dessiner et peindre avec des matières variées : crayon, fusain, pastel, aquarelle et huile.
André Spitz, dont les parents étaient d’origine lorraine, naît en 1883 à Besançon. Dès l’âge de 12 ans, c’est le maître Giacomotti, grand prix de Rome, qui lui enseigne les bases du dessin. Puis c’est à lui de devenir professeur de dessin dans un lycée à Besançon, dès 20 ans, alors même qu’il a déjà obtenu tous ses diplômes de professorat de dessin.
Il est ensuite mobilisé lors de la Première guerre mondiale, puis il enseignera au lycée Henri IV à Paris durant 21 ans, de 1919 à 1940. Il est fait chevalier de la légion d’honneur à titre militaire.
On souligne qu’André Spitz mène de front sa carrière professionnelle et artistique, puisqu’il expose aussi dans les grands salons parisiens. Cela lui vaudra d’ailleurs une médaille d’argent à l’Exposition universelle de 1937.
De plus, il est titulaire du Mérite postal pour ses très nombreuses maquettes de timbres-poste, qu’il réalise de 1938 à 1968. Mais bien souvent, seul le graveur est nommé, et l’essentiel de son œuvre se trouve dans des collections privées et quelques musées, ce qui explique son relatif anonymat.
Pourtant, il reçoit le 8 novembre 1957 le grand prix de l’art philatélique français, au 11e salon philatélique d’automne, pour sa représentation de la cathédrale de Rouen. Il prône alors une conception claire et forte de ce que doit être un timbre-poste : « Un timbre doit, sur une enveloppe, frapper à la manière d’un cachet. Avant même qu’on en perçoive le sujet, il faut qu’il forme une harmonie décorative. Ses couleurs sont donc primordiales ».
André Spitz réalise des maquettes dans les domaines suivants : les timbres-poste, les vignettes, les cachets illustrés d’oblitération, les cartes postales et les enveloppes premier jour, et enfin les médailles. C’est en 1938 que les PTT l’invitent à présenter sa première maquette, représentant une jeune femme en costume champenois. Le timbre « Champagne » est accepté, et gravé par Delzers, puisque Aandré Spitz ne manie pas le burin.
On note qu’il est difficile d’établir le nombre complet des maquettes réalisées par l’artiste, car les maquettes non retenues n’ont pas été toutes déposées au Musée de La Poste : ainsi, André Spitz crée au moins 102 maquettes, donnant lieu à 77 timbres-poste émis, dont 60 en France – le reste étant réparti entre Monaco, l’Algérie, la Tunisie, le Congo, le Sénégal, le Mali et le Tchad.
Enfin, l’artiste de talent concourra pour le timbre de l’UPU. Son projet sera accepté, la femme au centre symbolisant l’union postale universelle. N’évoquerait-elle pas alors une société des nations qui rapproche les différents peuples et les invite à s’unir ?
Pour en savoir plus :
– H.Laslandes, « La journée nationale du timbre 1956 et maquettes de cachets d’André Spitz » dans Relais, revue de la SAMP, n° 147, 10/2020, pp.20-36
– H.Laslandes, « André Spitz et l’univers des timbres » dans Relais, revue de la SAMP, n° 109, 110, 2010 et n° 114, 2011
– G.Spitz-Bronner et H. Laslandes, « André Spitz (1883-1977) » dans Relais, revue de la SAMP, n° 103, 2008